L'artiste Cristian Breazu
Né en 1943 à Adancata (Roumanie)
Vit et travaille en France depuis 1987
ÉTUDES
1960-1966 – Études et diplôme, Institut des Beaux-Arts de Bucarest (Roumanie)
1967-1969 – Bourse d’études au musée « Theodor Aman » de Bucarest (Roumanie)
PRIX
1971, 1979, 2019 – Prix de la Jeunesse, Prix de la Sculpture et Prix de la Diaspora accordés par l’Union des Artistes Plasticiens de Roumanie
SYMPOSIUMS DE SCULPTURE
1986 – Symposium de sculpture sur bois, Sighet (Roumanie)
1982 – Symposium International de sculpture sur pierre, Varadero (Cuba)
1981 – Symposium International de Sculpture, Hoyerswerda (Allemagne)
1976 – Symposium de sculpture sur pierre, Medgidia (Roumanie)
1974 et 1970 – Symposium de sculpture sur pierre, Magura (Roumanie)
1972 – Symposium International de sculpture sur pierre, Vysne Ruzbachy (Slovaquie)
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2005 – Exposition « Briques de l’espace », Galerie Octav Doicescu, Bucarest
1992 – Musée des Avelines, Musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud, France
1990 – Galerie Air Libre, Évry, France
1970 – Exposition itinérante, Bonn et Düsseldorf
EXPOSITIONS COLLECTIVES (sélection)
2019 (1989-) – Salon Réalités Nouvelles, Paris
2015 – « Le dessin du sculpteur », Galerie Dialog, Bucarest
2000 – Exposition de dessins, Galerie Orizont, Bucarest
1993 – « Six artistes d’Évry », Repentigny, Canada
1991 – Exposition en plein air « Ciel ouvert », Noisy-Le-Grand
1989, 1988 – Salon « Art Sacré », Paris
1988, 1987 – Salon « Grands et Jeunes d’Aujourd’hui », Paris
1986 (1964-) – Expositions roumaines d’art contemporain à Athènes, Belgrade, Bucarest, Bonn, Dortmund, Düsseldorf, Istanbul, Limoges, Ljubljana, Mannheim, Milan, Moscou, Paris, Poitiers, Prague, Sofia, Rome, Turin, Varsovie
1985 – Triennale de sculpture de Budapest
1978 – Exposition internationale de peinture et sculpture, Amiens
1976 – Biennale de Venise
1975 – Exposition internationale « Plastik und Blumen », Berlin
SCULPTURE MONUMENTALE (sélection)
1995 – La Transparente, Jardin botanique d’Orchaise (Loir-et-Cher)
1989 – Conception et modelage en terre des Trois Éphèbes, fontaine de la place Thessalie, Montpellier
1985 – Mélancolie, Tulcea (Roumanie)
1973 – Athlète, Costinesti (Roumanie)
COLLECTIONS PUBLIQUES ET PRIVÉES
Allemagne, France, Roumanie
Les Briques de l’espace : une connivence de la sculpture avec l’architecture
La sculpture de Cristian Breazu, révélée au public lors de son activité à Bucarest, s’est affrontée au défi éternel de son art : que la pierre persiste dans sa nature de matériau dense et lourd, résistant à la main de l’homme, mais qu’elle devienne en même temps matière sensible, vivante et vibrante, traversée d’émotion. Le corps humain a été longtemps l’objet de sa sculpture, comme il avait d’ailleurs été pendant des siècles le canon de la sculpture européenne – et au-delà de l’Europe aussi. La recherche formelle se déroulait dans un cadre relativement fixe, mais le mouvement, la variété des attitudes, l’articulation et le rythme des volumes offraient un champ inépuisable à l’imagination de l’artiste, toujours soucieux de renouvellement, pris dans un processus d’expérimentation qu’il n’a cessé d’approfondir. Il cherchait dans la forme de la sensibilité autant que de la géométrie, moyen pour lui de décanter le sensible, en allant à la découverte de soi avec des renvois bien assimilés à l’archaïsme médiéval ou aux arts orientaux.
Cristian Breazu a participé à plusieurs symposiums de sculpture en plein air en Roumanie et ailleurs. Cette immersion dans un autre espace que l’espace fermé de l’atelier, de la galerie ou du musée a constitué pour lui une expérience déterminante. Face à l’espace de la nature, Breazu a l’intuition de l’infini et le désir de le saisir, de le capter dans les rets de sa sculpture. Je pense surtout à la structure en bois et acier d’une ouverture de compas de onze mètres sur six, construite en 1986 au symposium de sculpture de Sighet. Cette sculpture est comme un filet jeté sur le monde ou un étrange outil qui servirait à mesurer l’espace en l’embrassant et en le jaugeant.
En 1987 Breazu quitte la Roumanie et s’établit à Paris. L’exil a signifié pour certains artistes l’abandon de leur vocation. Pas pour Breazu, qui continue de sculpter. L’anthropocentrisme, qui a été longtemps l’axe de référence de sa sculpture, s’estompe progressivement, sans pour autant disparaître totalement. Je dirais plutôt qu’il se travestit dans une géométrie animée. Les matériaux utilisés changent aussi. Le métal, les nouveaux matériaux synthétiques, suggèrent au sculpteur des possibilités et des solutions formelles neuves. Ses œuvres récentes sont plus proches d’une idée géométrique de mesure, d’exactitude et de rigueur. Elles réussissent pourtant à garder une puissance sensible. La référence au corps humain, même déguisée, continue d’exister, même si elle se dévoile plus à celui qui connaît tout le parcours de sculpteur de Breazu. Le biomorphisme reste saisissable, me semble-t-il, même quand la volonté géométrique se manifeste en force, même quand les formes naissent des figures géométriques les plus fondamentales. Ce qui reste constant et clair en même temps dans la recherche de Breazu est la métamorphose, la sensibilité aux méandres traversés par la forme dans son mouvement, dans son chemin mystérieux et imprévisible. De ce mouvement, le sculpteur tente de fixer des moments de choix, de saisir des instants privilégiés d’équilibre et de rythme.
Ioana Vlasiu
Une pyramide à la main
En 40 ans de sculpture, Christian Breazu a matérialisé ce que le vide et le plein peuvent contenir de formes et de sens. Figuratives au début, les références aux corps vont progressivement se simplifier. Le volume est percé en son centre. Une construction d’axes géométriques évoque la figure humaine. Si pour certaines, les épaules, les jambes sont maintenues dans un référent à la réalité, d’autres glissent vers l’abstraction. La géométrie motive l’imagination.
Breazu qui sculptait la matière à la taille directe, l’élabore aujourd’hui par la pensée. La conception classique des mathématiques a remplacé les engins électriques, la masse et le burin avec lesquels il réalisait ses œuvres.
Sur les murs, sont accrochés les dessins préparatoires de ce qu’il nomme les « briques de l’espace ». Construites en matériaux légers, de couleurs monochromes, les maquettes composées de formes simples et élémentaires symbolisent la réflexion – peut-être la sagesse – du sculpteur.
Intarissable sur les noms pythagoriciens des modules géométriques qu’il assemble, les boites superposées comme aimantées à un noyau symbolisent les moules d’une substance immatérielle…
Christian Breazu rend visible ce qu’aucun appareil ne montrera : une représentation de la pensée humaine.
Lui qui se définit comme un rêveur, contraint son imagination à la loi des chiffres !? Cependant, l’écouter, un cube à la main, que les formes qui s’en détachent composent la fleur…
Laurence d’Ist